Entre la pression des propriétaires ou des actionnaires, les attentes des équipes et les exigences de la clientèle, le manager d’aujourd’hui navigue dans un environnement où l’épuisement guette à chaque tournant. Pour l’éviter, le management efficace commence, souligne Fouzia Boukhira dans son ouvrage 101 bonnes pratiques de management, par une profonde connaissance de soi et une capacité à créer les conditions favorables à l'émergence de la motivation collective.
• La connaissance de soi : premier pilier du management serein
Avant de vouloir guider les autres, il est important d'apprendre à se connaître soi-même. C’est une démarche exigeante et humble car il n’est pas toujours facile d’interroger ses valeurs, ses réactions sous pression, ses moteurs profonds. Cette lucidité n’est pas de la complaisance, mais une ressource. Elle permet d’ancrer son management dans l’authenticité et de rester stable dans les situations d’urgence. Dans nos métiers, où les journées ne ressemblent jamais aux précédentes, cette solidité intérieure fait la différence car elle inspire confiance et protège l’équipe des secousses du quotidien.
• Donner du sens et garder le cap
Quand la pression monte, la tentation est de s’éparpiller. C’est au contraire le moment de se recentrer, de hiérarchiser les priorités, de clarifier ce qui compte et déléguer intelligemment. En effet, déléguer, ce n’est pas se décharger, mais c’est plutôt responsabiliser et développer le potentiel de son équipe.
En période de pénurie d’effectifs ou lors des pics d’activité, rappeler le sens de l’action devient très important. Même un objectif simple (fluidifier le service du midi, garantir un accueil chaleureux malgré la charge) peut servir de boussole et mobiliser l’équipe autour d’un projet clair et porteur de valeurs.
• Le courage de dire, le courage d’assumer
Une communication transparente et une écoute sincère sont le ciment de la confiance. Dans un restaurant ou un hôtel, un message mal transmis peut vite se transformer en conflit ou en malentendu.
Développer le ‘courage managérial’, c’est savoir dire les choses, même quand elles dérangent, prendre des décisions difficiles sans perdre de vue la cohésion. C’est aussi oser demander des clarifications à sa direction, poser ses propres limites, assumer ses responsabilités sans se cacher derrière des prétextes.
• La sécurité psychologique comme bouclier
Un manager sous pression doit offrir à son équipe un espace où chacun peut s’exprimer sans crainte d’être jugé. La reconnaissance joue ici un rôle déterminant, d’autant que, selon le rapport IGAS de 2024, les salariés français restent parmi ceux qui se sentent le moins reconnus en Europe.
Un mot de gratitude, un feedback constructif, la valorisation d’une initiative, l’autonomie accordée à un collaborateur sont autant de gestes qui nourrissent la confiance et l’engagement. C’est en cultivant cette reconnaissance que l’on construit une équipe capable de traverser les tempêtes.
• Organisation et créativité
Dans nos métiers où tout peut basculer en un instant, planifier et structurer le temps devient un bouclier contre le désordre. Mais il faut aussi garder de la souplesse car parfois, c’est dans l’urgence que surgissent les meilleures idées. Réorganiser un process, inventer une nouvelle coordination cuisine-salle, proposer une micro-formation au détour d’un service… L’innovation naît souvent dans les moments de forte pression, à condition de ne pas se laisser enfermer par elle.
• Accompagnement et montée en compétences
Être manager, c’est accepter qu’on ne puisse pas tout porter seul. Dans nos métiers, beaucoup s’épuisent en pensant qu’ils doivent être solides en toute circonstance et se cacher derrière des façades. Briser cet isolement, c’est s’autoriser à demander du soutien, à échanger avec ses pairs, à partager ses doutes dans un cadre bienveillant. C’est aussi se rappeler qu’apprendre et se développer ne diminue pas sa légitimité, mais la renforce.
Comme le dit Fouzia Boukhira, “le management n’est pas une science exacte mais un art qui demande autant de cœur que de méthode”. Cette phrase résume toute la force d’un management incarné qui demande une part de technique, mais aussi une part d’humanité, de chaleur et de courage.
Garder son sang-froid ne relève pas du caractère, mais de l’entraînement et de la méthode. Dans l’hôtellerie-restauration, où l’exigence est quotidienne, préserver son équilibre est une condition pour préserver celui des autres. C’est un chemin ardu mais profondément enrichissant. Car au bout du compte, manager, c’est grandir avec ses équipes et se rappeler que derrière chaque chambre préparée, chaque plat servi, il y a une aventure humaine partagée.
Publié par Irina Bolocan
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